Édouard Glissant, quand la BnF thésaurise la matière grise coloniale.

Ce sont d'abord des archives d’une qualité « inestimable » pour Sylvie Glissant, la veuve de l’écrivain martiniquais décédé le 3 février 2011, à l’âge de 83 ans. Invitée lundi  matin (2 mars) de la rédaction de RCI, Sylvie Glissant a estimé que l’arrêté du ministère de la Culture répondait parfaitement aux vœux exprimés par la famille de l’auteur du « Discours Antillais » de voir ces archives rassemblées en un même lieu.
(Source RCI FM), lien ici : http://rci.fm/Dispatcher?action=ArticleAction&id=107948

+ le lien vers (Légifrance.gouv.fr, Journal Officiel de la République Française n°0292 du 18/12/2014) l'Arrêté ministériel refusant l'exportation des Archives personnelles d'Édouard Glissant, ici :http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029918060&categorieLien=id

+ L'Avis argumenté de la Commission consultative des trésor nationaux (JO du 18 /12/21014).

C'est Tout de même un Monde ! Le Discours Antillais (voire le chapitre "LA DÉPOSSESSION" du LIVRE I) est un tel manifeste anticolonialiste autant qu'une profession de foi de la Nation Martinique qu'il aurait été bien plus cohérent de verser Le "Trèsor national" de ses manuscrits à la bibliothèque Shoelcher de Fort de France ! Aux Archives départementales ! Ou à l'Université des Antilles ! Mais la polarité et la concentration des richesses coloniales françaises de par le monde (sur les trois océans et sur trois continents) demeurent historiquement "conservées" soit à la BnF soit au Muséum National d'Histoire Naturelle. Ayen paka rété pou nèg-a ankò !(On ne laisse rien au Nègre !).

La France fera tout pour continuer de thésauriser nos matières grises culturelles coloniales à la BnF. Je dénoncerai sans relâche cette pratique de la Conquête du savoir syphonné dans nos pays sans y jamais transférer les meilleurs moyens de conservation et de technologie exclusivement réservés à Paris. J'illustrerai ENCORE la prédation intellectuelle métropolitaine avec l'exemple océanien où mes frères Marquisiens trouveront à la même BnF un unique exemplaire de "TE HAKAMANU" La danse de l'oiseau. Légende Marquisienne.

Ils font la même chose, dans mon pays la Guyane, avec son patrimoine moléculaire et biogénétique dont les espèces du Vivant sont prélevées puis conservées au Muséum National d'Histoire Naturelle, le MNHN ("Lancement d'une expédition naturaliste en Guyane". Le Monde, 20/02 + "Traque avec les chasseurs de feuilles", France-Guyane, 13/12/2014) +"300.000 individus arrachés au mont MITARAKA" sur Guyaweb, 30/03 lien ici : http://www.guyaweb.com/actualites/news/sciences-et-environnement/300-000...) avec à terme la mise en valeur industrielle de leurs principes actifs sur le marché mondial de la pharmaceutique extraite de notre biodiversité sans retour équitable des avantages acquis inhérents aux Guyanais.

AYEN PAKA RÉTÉ POU NÈG-A ANKÒ ! (On ne laisse rien au Nègre je vous dis !)

P.S : Deux victoires tout de même, la première que nous devons à Mme Eugénie Rézaire, la présidente de l'Association des Amis de Léon Gontrand Damas lorsqu'elle obtient (en 1995) de l'Université Howard de Washington D.C la restitution intégrale (mais en plusieurs fois) à la Guyane via Cayenne de la bibliothèque personnelle et de nombreux (plus de 3000 documents lien vers France Guyane ici : ) manuscrits du père co-fondateur du mouvement de la Négritude.

Et la seconde plus récente que nous devons à l'Association Guyanaise René Maran (Prix Goncourt 1921) qui a obtenu de la générosité de la famille de l'illustre homme de lettres la rétrocession à la Guyane de ses manuscrits notamment inédits.

Soley ' ! Pièr.